Massacre de la légion thébaine (Wikipédia)

 

Le massacre de la légion thébaine (ou thébéenne) est un évènement décrit dans deux Passions (récit hagiographique) au cours duquel une légion romaine et son chef, Maurice d'Agaune, aurait été massacrée dans la région d'Agaune (Saint-Maurice en Valais). Ce martyre est l'évènement fondateur du culte de saint Maurice en Suisse puis dans le reste de l'Europe.

Malgré des différences, les deux Passions s'accordent sur une trame générale. Ainsi, elles relatent la présence à Agaune d'une légion romaine originaire de la région égyptienne de Thébaïde sous le règne de Dioclétien. Sous les ordres de Maximien, la légion se rend d'Italie dans des territoires plus au nord et stationne à Agaune pendant que Maximien se trouve à Octodure

 (Martigny). Les légionnaires thébains auraient alors reçu l'ordre de participer à la persécution de chrétiens locaux en les tuant ou de participer à un culte aux dieux romains. Pour la plupart convertis au christianisme, les soldats auraient refusé l'ordre, motivés par leurs chefs Maurice, Exupère et Candide. Devant cette insubordination, Maximien aurait ordonné en 286 le massacre de la légion soit des 6 600 soldats et de leurs chefs. Près de 80 ans plus tard, les restes des martyrs auraient été exhumés par l'évêque d'Octodure Théodule puis inhumés dans une chapelle funéraire sur le site de la future abbaye de Saint-Maurice.

L'iconographie du culte de saint Maurice, en tant que saint noir, fournit les premières représentations positives du Noir dans l'art occidental (sculpture de la cathédrale d'Augsbourg, par exemple) et est à ce titre un tournant capital dans la représentation anthropologique de l'autre dans l'Europe du Moyen Âge1.

 

Éric Chevalley donne une forme standard du récit du martyre de la légion thébaine selon la Passion d'EucherEC Ed. Crit. 2

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Pendant la grande persécution des chrétiens sous l'empereur Dioclétien, le co-empereur Maximien fait passer son armée d'Italie à la Gaule. À ses troupes ont été ajoutés 6600 légionnaires thébains de religion chrétienne. Après avoir passé les troupes, la légion thébaine, qui est stationnée à Agaune, apprend que sa mission est de participer à la persécution des chrétiens locaux. Les légionnaires refusent cet ordre et en informent Maximien qui campe à Octodure.
Apprenant l'insubordination de la légion, Maximien ordonne qu'une décimation touche la troupe et somme les légionnaires survivants de respecter l'ordre initial. Malgré les premières exécutions, les soldats persistent dans leur refus. Maximien ordonne une nouvelle décimation et maintient son ordre. Soutenus par un discours de leur chef, Maurice, les légionnaires réitèrent une nouvelle fois leur insubordination. Excédé par le comportement rebelle et pieux de la légion, Maximien décide de faire exécuter tous les soldats thébains.
Après le massacre de la légion, un vétéran nommé Victor s'indigne du massacre des légionnaires chrétiens. Suspecté d'être lui-même chrétien pour ces propos, il est également exécuté après s'être confessé.

En plus de ce récit, Eucher de Lyon détaille d'autres éléments dans sa passionEC Ed. Crit. 2. Premièrement, il fournit une brève description topographique et géographique d'Agaune.

Il développe également les identités de plusieurs martyrsEC Ed. Crit. 3. En plus de Maurice, Exupère, Candide et Victor, Eucher de Lyon rapproche Ours et Victor de Soleure de la légion. Ceux-ci seraient deux légionnaires qui auraient subi le martyre à Soleure après s'être enfuis d'Agaune.

Eucher rédige également une partie relatant la mort de MaximienEC Ed. Crit. 3.

Enfin, le prélat lyonnais fournit plusieurs éléments relatifs à la création du culte autour du martyre des légionnaires thébainsEC Ed. Crit. 3.

Après s'être vu révélé l'emplacement où reposent les restes des légionnaires thébains et de leur chef, l'évêque Théodule d'Octodure prélève les ossements des martyrs les plus notables et les inhume dans un sanctuaire à Agaune. Il ordonne ainsi la construction d'une basilique adossée à la falaise.
Les années suivantes, plusieurs miracles se produisent à proximité du martyrium, notamment la guérison d'un paralytique et la conversion d'un païenNote 1.